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Podcast Chambéry’Cimes : les abris antiaériens

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C’est une page tragique de l’histoire de Chambéry que nous allons ouvrir aujourd’hui. La journée du vendredi 26 mai 1944. Une journée qui longtemps allait marquer l’âme, la physionomie de la ville tout autant que l’histoire et la destinée des personnes qui la composaient alors…

Ce 26 mai 1944, il est 6 heures du matin. Dans le sud de l’Italie, 900 bombardiers alliés sont sur le point de décoller. Est remise à chacun des chefs de bord, une enveloppe scellée. Les missions étaient tenues secrètes jusqu’au dernier moment. Dans une enveloppe « Nice », dans d’autres « Grenoble », « Lyon Vaise », « Saint Etienne », et aussi « Chambéry ». Objectif ? Bombarder les gares… Alors progressivement dans ces villes qui s’animent et se réveillent, les sirènes résonnent. Ce 26 mai 1944, 720 bombes de 227 kg chacune furent lâchées sur Chambéry.
Nous avons rendez-vous avec Jacques Viout, vice-président de la société des Amis du Vieux Chambéry, pour poser des mots sur cette journée où Chambéry fut bombardée. En sa compagnie, nous visiterons un endroit insolite et qui fait pourtant partie intégrante du patrimoine chambérien : l’abri antiaérien du clos Savoiroux.

Place des Eléphants, quelques jours après le bombardement.
Prise de vue depuis l’immeuble du Paris.

Boulevard de la Colonne
Les tranchées « abris » des boulevards avaient été pensées pour protéger les civils des chutes d’immeubles et du souffle des bombes et non pour protéger de l’impact de ces dernières.

Avenue du général de Gaulle
Sur la partie gauche de la photo : le château de Costa de Beauregard, détruit lors du bombardement.
Sur la partie centrale : le bâtiment qui accueillait le conservatoire, la pouponnière ainsi que les douches municipales. Le jour du bombardement, une quarantaine d’enfants se trouvaient dans les sous-sols du bâtiment. Ensevelis sous les gravas du château de Costa de Beauregard, ils furent miraculeusement sauvés.

Rotonde SNCF
La rotonde a été touchée par trois bombes. Sa structure en fer restera intact mais les vitres furent évidemment pulvérisées. Rappelons que l’objectif du bombardement était de toucher les gares et les axes de communication. La gare de Chambéry, son triage et 45 locomotives sont détruites. 

Intersection des rues Favre et Saint-Antoine
Comme le relate cette photo, la rue Saint-Antoine était courbe.
Partie gauche : rue Favre. Se devine au loin le palais de Justice.
Partie droite : rue Saint-Antoine.
Ces rues n’ont pas été détruites par l’impact des bombes mais par les incendies qui se déclarèrent suite au bombardement. Ce secteur de Chambéry est celui qui a le plus été restructuré lors de la Reconstruction. Aujourd’hui, ces deux rues sont perpendiculaires (la rue Saint-Antoine se situe désormais dans l’axe de la rue de Maistre).

Angle de la rue Juiverie et de la place Saint-Léger
Prise de vue depuis la rue du Sénat.
Cette photo comme unique témoignage des sauveteurs sous les décombres.

Rue de Boigne
Cette photo est datée du 26 mai 1944. Les sapeurs pompiers de toute la Savoie viennent prêter main-forte à Chambéry pour éteindre les incendies.

Place de la Cathédrale
Des funérailles sont organisées dès le lundi 29 mai 1944.
On estime à 200 le nombre de personnes décédées lors du bombardement. À cela viennent s’ajouter 300 blessés et 3 000 sans-abris. Un tiers de la ville aurait été détruite par le bombardement.

Albert Perriol, Maire de Chambéry
1935-1941

En 1938, le gouvernement fait parvenir une note secrète à tous les maires de France les invitant à faire construire des abris antiaériens dans la perceptive d’un éventuel conflit. À l’époque aucun maire ne répond à cet appel, excepté un seul : il s’agit d’Albert Perriol, alors maire de Chambéry.

Pourquoi Albert Perriol veut-il se lancer dans ce vaste programme de construction d’abris ?

Chambéry est construite sur un marécage et ne possède, dans sa partie ancienne, aucune cave pouvant servir de refuge à la population en cas de bombardement. Il faudra remédier à cette carence et percer les deux collines qui entourent la ville : la colline de Bellevue d’une part, la colline de Lémenc d’autre part.

Dès février 1939, on entreprend de percer la colline de Bellevue. Dans un terrain sableux, une galerie bétonnée de 500 m de long, dotée de 4 entrées et pouvant accueillir 3 000 personnes est aménagée.
Le 1er septembre 1939, date qui marque le début de la seconde guerre mondiale, l’abri de Bellevue est opérationnel.

La colline de Lémenc est ensuite dotée de deux autres abris. Ces deux abris sont percés dans la roche calcaire et sont d’aspect très différent de celui de Bellevue. L’abri du Clos Savoiroux : il mesure 200 m de long et peut recevoir jusqu’à 1 500 personnes. L’abri Nezin : il offre 150 m de galerie et peut recevoir 1 000 personnes. À l’époque, l’entrée principale se situe sur l’actuelle avenue des ducs de Savoie.

Plus tard, sera percé mais jamais achevé, l’abri de Maché. Celui-ci se situait sous l’esplanade du château des ducs de Savoie. Terminé, il aurait pu accueillir 2 200 personnes (aujourd’hui, parking du château).

Au centre-ville, des tranchées abris sont aménagées. Celles-ci sont de faible profondeur. Elles n’offrent qu’une protection relative contre le souffle des bombes et la chute des immeubles. On les retrouve du boulevard du
théâtre jusqu’à l’avenue du comte Vert.

À ces abris, il faudra ajouter les différents abris aménagés dans les établissements scolaires. Avec ces équipements hors-normes, Chambéry se classe en tête des villes de France pour la protection des populations
contre les bombardements aériens.

Pour une population de 30 000 habitants, les abris pouvaient accueillir environ 12 000 personnes.

Du haut de sa colonne, le généal de Boigne attend la reconstruction du sommet de la rue de Boigne.

Pour les Chambériens, le bombardement du 26 mai 1944 restera cette page écrite en lettres de sang et de feu. Ce fut l’occasion d’un grand élan de solidarité au sein de la population.
Bientôt Chambéry allait renaître de ses cendres.

 

Pour toujours + d’histoires

Chambéry’Cimes est un podcast Chambéry Montagnes.

Prise de son, montage, mixage et réalisation : Kamel Bouziane, Art AbordSavoie.

Des mélodies signées Skal.

Pour cet épisode : une découverte de Chambéry en compagnie de Jacques Viout, vice président de la société des Amis du Vieux Chambéry et Julie Chavaribeyre pour l’office de tourisme

L’ensemble des photos d’archive a été partagé par la société des Amis du Vieux Chambéry. Merci pour cette collection d’images…

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